Pourquoi des syndicats

Les syndicats sont des groupes de travailleuses et travailleurs qui se rassemblent pour discuter des salaires et conditions de travail avec l’employeur. Par leur rôle, ils remplacent les discussions individuelles entre les travailleurs et l’employeur. Parce qu’ils parlent au nom de tous, les syndicats peuvent conclure pour chaque travailleur une entente meilleure que celle que conclurait l’employé négociant individuellement avec son employeur.

La preuve a été faite : la négociation collective est le moyen le plus efficace d’améliorer les normes et conditions de travail. D’après Statistique Canada (juin 2008), les employés syndiqués à temps plein gagnent près de 20 % de plus que leurs collègues non syndiqués. Ce chiffre serait probablement plus élevé si les avantages sociaux, tels que les soins dentaires, les soins médicaux et les régimes de retraite étaient pris en compte. Rappelez-vous cet argument dans vos discussions sur la valeur des syndicats. 

Statistique Canada - Salaire des employés syndiqués et non syndiqués 

Avant l’existence des syndicats, les employés étaient totalement à la merci de leur employeur. Des entreprises cupides et sans scrupules se servaient d’hommes, de femmes et d’enfants pour faire des profits, puis se débarrassaient de ces personnes lorsqu’elles ne leur étaient plus utiles. Un nombre incalculable de personnes ont été tuées ou ont subi des blessures permanentes au travail, et beaucoup d’autres se soumettaient à des conditions de travail inhumaines seulement pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. Les femmes recevaient en général moins du tiers du salaire moyen des hommes, et le traitement réservé aux enfants était encore pire.

Durant la majeure partie du 19e siècle, les syndicats étaient des organismes illégaux. Les lois interdisaient de mettre sur pied un syndicat, d’en faire partie ou même d’en parler. Les sanctions imposées à ceux qui tentaient de former un syndicat étaient sévères : amendes, peines de prison ou exclusion du marché du travail étaient choses courantes. Malgré tout, les gens continuaient à former des syndicats parce qu’ils voulaient s’assurer de meilleures conditions de vie, et aussi parce qu’ils désiraient que les générations futures bénéficient de telles conditions.

Pour de plus amples renseignements sur l’historique du mouvement syndical au Canada, veuillez visiter le Musée canadien de l’histoire.

Aujourd’hui, beaucoup d’employeurs continuent de s’opposer aux syndicats parce qu’ils savent que le syndicat luttera pour de bons salaires, de bons avantages sociaux et l’équité en milieu de travail, et qu’il combattra l’intimidation et le favoritisme. Voici certains des avantages qui peuvent être attribués aux syndicats : lois sur la santé et la sécurité, réduction de la semaine de travail, normes d’emploi, salaire minimum, jours fériés, rémunération de jours fériés, congé parental, indemnisation des accidentés du travail, congés de maladie, droit aux vacances, droit d’ancienneté, droit des travailleurs à une négociation collective, politiques anti-harcèlement au travail, prestations de soins médicaux et dentaires, prestations d’assurance-emploi, formation au travail et sécurité d’emploi.

Les syndicats représentent les intérêts des travailleuses et travailleurs dans l’arène politique et à la table des négociations. L’histoire démontre que les gouvernements et les employeurs sont prêts à supprimer bon nombre de droits démocratiques et la négociation collective à moins que nous ne nous défendions par l’intermédiaire de nos syndicats. Depuis de nombreuses années, les entreprises ne jurent que par les « compressions », les « concessions », la « souplesse », l’« impartition » et la « déréglementation », et leur objectif est d’affaiblir les travailleurs et d’affaiblir la classe moyenne. Il est de notoriété publique que certains intérêts commerciaux veulent faire croire aux Canadiens que toutes les institutions devraient être privatisées et dictées par le marché, y compris l’éducation et les soins de santé. Cependant, la réalité est que la majorité des Canadiens n’appuient pas ce plan d’action. Plusieurs syndicats jouent le rôle de « conscience sociale » de l’employeur et d’innombrables activistes syndicaux travaillent fort à éduquer leurs membres et à conserver ces valeurs canadiennes. À travers le Canada, les syndicats défendent avec vigueur leur conviction, qui est que tous les travailleurs ont droit à un salaire et à des avantages sociaux équitables, à des soins de santé adéquats, à une éducation publique et à un accès gratuit aux services d’urgence. La plupart des syndicats considèrent qu’il n’y a rien de mal à faire des profits, mais ils sont d’avis que les travailleuses et travailleurs devraient tirer un avantage proportionnel de la richesse qu’ils ont contribué à créer.

Entre temps, les grandes entreprises et les médias qui représentent leurs intérêts continuent de promouvoir les mythes qui tendent à distraire, à diviser et à désorganiser les travailleurs.

Analysons quelques-uns de ces mythes :

Les syndicats sont dépassés – ils ont été nécessaires, mais ils n’ont plus leur raison d’être

Non seulement les syndicats sont nécessaires, mais ils représentent souvent le seul espoir des travailleuses et travailleurs de recevoir un traitement équitable. Bien que les employeurs tentent parfois de convaincre les employés qu’ils connaîtraient plus de réussite s’ils n’étaient pas syndiqués, statistiquement, cette prémisse n’est pas étayée par des faits (voir le lien ci-dessus vers le rapport de Statistique Canada).

Nous savons tous que de plus en plus de Canadiens ne peuvent pas suivre l’augmentation du coût réel de la vie et que beaucoup de travailleurs se plaignent qu’ils ne réussissent plus à équilibrer vie professionnelle et vie personnelle. L’écart entre ceux qui créent la richesse et ceux qui en profitent augmente sans cesse et continuera d’augmenter, à moins que les travailleurs ne se protègent en se regroupant. Collectivement, les membres de syndicats ont plus de pouvoir pour s’assurer que les travailleurs reçoivent un salaire équitable et une part proportionnelle des profits. Les syndicats permettent aussi aux travailleurs de bénéficier d’une vie plus équilibrée, car ils négocient des dispositions qui leur donnent la possibilité de prendre des congés et ainsi maintenir l’équilibre vie professionnelle et vie personnelle.

Pour de plus amples renseignements à ce sujet, lisez l’article « Unions are still our best hope » par John Jacobs. 

Si vous n’aimez pas votre emploi, vous pouvez toujours démissionner

En effet, si vous êtes victime d’injustice au travail, vous pouvez toujours démissionner. Combien d’employés pensent que la véritable signification de la politique de la porte ouverte est « si vous n’aimez pas ce qui se passe ici, la porte est ouverte et vous êtes libre de partir » ? Pourquoi cela devrait-il être votre unique choix ? Pourquoi un employé devrait-il être contraint d’accepter d’être traité injustement ou de démissionner, perdre son salaire, perdre son droit à une pension ou à ses cotisations au régime de retraite, et subir et faire subir à sa famille incertitude et bouleversements ? Les syndicats ont pour principe que les bons employés méritent d’être traités avec équité, dignité et respect.

Lorsque vous êtes membre d’un syndicat, les règles gouvernant votre relation de travail sont négociées et consignées par écrit. Si ces règles sont enfreintes, il existe une méthode garantie de résolution des problèmes à laquelle chaque membre du syndicat a accès. Cela se fait généralement au moyen d’une procédure de règlement des griefs. De plus, le syndicat a le droit de représenter ses membres dans le cas d’une infraction au code du travail, d’une non-conformité aux normes de l’emploi, d’une atteinte aux droits de la personne, etc.

Les syndicats défendent ceux qui ne méritent pas d’occuper un emploi

Si vous êtes membre d’un syndicat, les cotisations que vous versez servent entre autres à vous assurer une représentation juridique de la part de votre syndicat si vous faites l’objet de mesures disciplinaires ou d’un congédiement injuste. En vertu des lois fédérales et provinciales, votre syndicat a pour mandat de s’assurer que chaque membre bénéficie d’une application régulière de la loi et d’une représentation équitable, tout comme un citoyen aurait le droit de se faire représenter par un avocat s’il était accusé d’avoir enfreint la loi. En outre, tout comme un citoyen est présumé innocent jusqu’à preuve du contraire, les syndiqués ont droit à une représentation équitable durant l’enquête de l’employeur ainsi qu’au moment des mesures disciplinaires et/ou du congédiement subséquent si l’entreprise a un motif valable. Cela signifie que les syndiqués ont le droit de faire entendre leur version des faits afin qu’elle soit étudiée comme il se doit. Si le syndicat fait enquête et découvre que les mesures prises par l’employeur à l’endroit d’un syndiqué étaient injustes ou trop sévères, il déposera un grief au nom de l’employé et s’efforcera d’en arriver à une résolution équitable de la situation. 

Les syndicats sont trop puissants dans ce pays

Voilà une affirmation qui revient souvent dans la bouche de nombreux porte-parole antisyndicaux, mais lorsqu’on l’examine de près, on constate qu’elle ne reflète pas la réalité. Pourquoi ? Parce que seulement environ 30 % des travailleurs du Canada sont syndiqués, et que même les employeurs syndiqués sont couverts par les contrats auxquels ils ont consenti. Il n’y a aucun rapport entre la taille et la puissance des syndicats et le nombre de grèves. En Suède et en Allemagne, par exemple, de 80 à 90 % de tous les travailleurs sont syndiqués, et pourtant les grèves sont peu fréquentes dans ces pays – principalement en raison des politiques éclairées de leurs gouvernements.

Au Canada, la majorité des politiciens semblent appuyer les intérêts des entreprises, et les actions de ces dernières (ainsi que leur inaction), et depuis les 30 dernières années ils ont grandement contribué à agrandir l’écart entre les dirigeants riches et les travailleurs pauvres. Les normes de l’emploi, qui sont censées défendre les travailleurs non syndiqués, ne constituent qu’une protection minimale et, souvent, elles ne sont même pas respectées. Les travailleurs doivent signaler eux-mêmes les infractions parce que la plupart des employeurs ne font l’objet d’aucune surveillance visant à garantir que leurs travailleurs sont traités équitablement.

Les gouvernements ont tendance à adopter une autre approche face aux syndicats. Ils exigent que ceux-ci aient été certifiés par la loi, qu’ils aient reçu l’appui officiel de la majorité des travailleurs qu’ils souhaitent représenter, et qu’ils subissent un processus juridique long et complexe avant de pouvoir déclencher une grève. Les gouvernements fédéral et provinciaux peuvent intervenir dans les grèves, obliger les travailleurs à retourner au travail et imposer un règlement. Les travailleurs qui refusent de travailler peuvent également écoper d’une amende ou peine d’emprisonnement.

L’approche déséquilibrée du gouvernement en matière de relations syndicales est-elle le reflet de l’opinion personnelle de nos politiciens, ou peut-elle être attribuée à d’autres influences ? D’après l’organisme Democracy Watch, les entreprises font du lobbying actif à temps plein auprès des politiciens canadiens pour continuer à protéger leurs intérêts.

Pour de plus amples renseignements concernant l’influence des entreprises sur les politiciens du Canada, visitez le site Web de l’organisme Democracy Watch.

Pourquoi les syndicats provoquent-ils autant de grèves ?

Les syndicats négocient des ententes, pas des grèves. Aucun syndicat ne souhaite une grève. Une grève est déclenchée lorsque les deux parties sont incapables d’arriver à une entente autrement. Pour les syndiqués, la grève est synonyme de sacrifices, tant pour eux-mêmes que pour les membres de leur famille. Les travailleurs ne déclencheront pas de grève à moins que les enjeux soient si importants qu’ils en vaillent le sacrifice. Les syndicats font voter leurs membres avant d’opter pour une grève, et celle-ci est déclenchée seulement si une nette majorité des travailleurs l’approuvent.

La plupart de syndicats évaluent leur succès par leur capacité à éviter les grèves, et, en fait, ils réussissent à régler 97 % des négociations collectives sans avoir recours à la grève. En dépit de ce taux de succès, les grèves sont controversées et font les manchettes. Voilà sans nul doute la raison pour laquelle bon nombre de gens pensent que la grève constitue la règle et non l’exception.

Il ne fait aucun doute que parfois, les grèves causent des torts à des personnes innocentes. Toutefois, on pourrait dire la même chose de n’importe quelle forme d’activité économique ou presque. Les hausses de prix causent des torts ; le fait de faire des profits dans le pays et de les investir ailleurs cause des torts.

Les porte-parole antisyndicaux ne tiennent pas compte du fait que les travailleurs sont aussi des êtres humains. Tous les travailleurs veulent que leur travail soit rémunéré à sa juste valeur – une part équitable des avantages économiques qu’ils aident à générer. Et pourquoi, lorsqu’il y a une grève, blâme-t-on seulement les travailleurs et leurs syndicats, comme s’ils étaient les seuls à participer ? Il faut deux parties pour créer une dispute.

Les travailleurs deviennent membres d’un syndicat pour diverses raisons. Cependant, certaines raisons sont universelles – une voix plus puissante, de meilleures conditions de travail, la protection des droits, un traitement équitable et le respect.

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Pour plus de renseignements au sujet des syndicats, veuillez visiter le site Web du Congrès du travail du Canada.

Pour de plus amples renseignements sur la structure et les fonctions démocratiques de la Section locale 1944, veuillez cliquer ici.