Le 5 juin 2020 - La Section locale 1944 du Syndicat des Métallos est solidaire de la vague de manifestations sans précédent qui se déroule à l’échelle mondiale contre le racisme systémique auquel sont confrontés les citoyens de race noire, en particulier de la part de la police. Il est honteux qu’au XXIe siècle, les individus et les communautés soient toujours jugés sur la couleur de leur peau et non sur la valeur de leur caractère, comme le rêvait déjà Martin Luther King 57 ans auparavant.
Il semble que chaque mois, une nouvelle vidéo expose des individus qui traitent la vie des noirs avec une dangereuse et absolue indifférence. Les personnes dotées d’une conscience doivent s’interroger sur ce qui se passe quand aucune caméra n’enregistre ces actions scandaleuses, qui se déroulent régulièrement en public. Il serait facile pour des policiers de retenir un homme sans aller jusqu’à s’agenouiller sur son cou, comme dans le cas de la mort de George Floyd. Il serait facile pour un individu d’appeler la police s’il soupçonne qu’un joggeur est un criminel recherché, plutôt que de s’approcher, de tirer avec une arme à feu et de provoquer une confrontation aboutissant à un meurtre, comme dans le cas de la mort d’Ahmaud Arbery. Dans l’affaire Arbery, les justiciers autoproclamés ont déclaré qu’Ahmaud correspondait à la description d’un cambrioleur présumé, mais quelle description pouvaient-ils faire d’un joggeur qui passait, hormis que c’était un jeune homme noir ? Il semble que tout jeune homme noir aurait subi le même sort dans cette situation, sur la base de leur « description » : leur race noire.
George Floyd et Ahmaud Arbery ne sont que deux noms parmi tant d’autres : Breonna Taylor, Freddie Gray, Eric Garner, Laquan McDonald, Walter Scott, Jamar Clark, Danny Ray Thomas, Stephon Clark, Terrance Crutcher et bien d’autres encore.
« Alors que la fumée des cartouches de gaz lacrymogènes tirées sur des manifestants pacifiques se dissipe et que les gens tentent de retourner à leur vie, que ce soit en confinement ou pas, nous ne devons pas oublier ces derniers jours, a déclaré Donna Hokiro, Présidente par intérim. Cependant, notre combat va bien au-delà de ces violences faites aux mains de ces quatre policiers. Il s’agit également des politiques qui maintiennent les oppresseurs au pouvoir et les populations à leur service. Il s’agit du manque de ressources dues aux inégalités en matière d’éducation et de santé, de l’incapacité de trouver du travail et un logement, et même dans certains cas d’avoir accès à l’eau potable. Ces inégalités frappent majoritairement les personnes à la peau brune et noire et les collectivités des Premières Nations. Souvent, nous ne faisons pas le lien entre la politique à la vie quotidienne, mais c’est exactement par la politique que les injustices commencent. Pour que nous puissions apporter des changements réels et durables qui profiteront à tous les peuples, nous devons mettre au pouvoir des personnes qui représentent notre diversité et nos valeurs, qui parlent pour nous parce qu’elles parlent comme nous. Comme l’a dit Obama : “Votez”. »
Les Canadiens ne devraient pas considérer la tragédie en cours comme un problème américain qui ne les concerne pas. Le Canada demeure ethniquement stratifié en termes de quantité d’interactions et de violence policière, de profilage racial, ainsi qu’en matière d’emploi, de revenu et d’éducation. Notre propre projet de réconciliation historique avec les ethnies marginalisées reste au point mort après des siècles de préjudice.
Il y a une différence entre les beaux discours et le vrai progrès social. Par exemple, même si c'est une mesure positive que Stockwell Day aie démissionné de son poste de directeur de Telus après avoir nié l'existence du racisme systémique au Canada et comparé le racisme au fait d’avoir été moqué quand il était enfant parce qu'il portait des lunettes, pourquoi Stockwell Day était-il directeur chez Telus en premier lieu ? La compagnie est-elle vraiment surprise que Stockwell Day ait révélé sa vraie personnalité ? Est-elle surprise qu'un homme ayant déclaré : « L’homosexualité est un trouble mental qui peut être guéri par la psychothérapie » (selon cet article, anglais seulement) et : « L’homosexualité est un choix, à mon avis » (lire l’article ici anglais seulement), nie le racisme systémique au Canada ?
En 1942, les Métallos ont déclaré comme premier objectif fondateur : « Unir en une seule organisation, sans distinction de croyance, de couleur ou de nationalité, tous les travailleurs et travailleuses admissibles à l’adhésion ». Les Métallos ont toujours combattu la discrimination, bien avant qu’il ait été socialement acceptable de le faire, et le feront toujours, que cela fasse la une des médias ou non.
Tenons-nous mutuellement responsables et efforçons-nous de créer une société libérée du racisme, où la colère et les révoltes dont nous avons été témoins la semaine dernière ne seront plus nécessaires.
Solidairement,
La Section locale 1944 du Syndicat des Métallos
